CCC : Courmayeur _ Champex _ Chamonix /101 km & 6100 D+ / 28AUG2015
Plus de 10 jours après la fin de cette magnifique aventure, je me décide enfin à tenter de rédiger un compte-rendu.
Beaucoup d'émotions, de ressentis, je suis encore sur mon petit nuage...
Alors, par où commencer. Retour rapide sur le début de l'aventure.
Je n'avais jamais pensé qu'un jour je participerai à cet ultra trail.
Mais voilà, à l'ouverture des inscriptions, j'ai le nombre de points suffisants pour tenter le tirage au sort de la CCC. Mia s'est inscrite pour tenter de participer à l'OCC. Alors, je me lance et m'inscris.
J'apprendrai par la suite que Dorothée a également tenté de s'inscrire sur la CCC et qu'Eric va participer à la TDS.
Le résultat du tirage au sort tombe: Mia et Dorothée ne participeront pas aux courses de l'UTMB. Et moi, si....
Me voilà donc embarquée dans l'aventure de la CCC.
Pour l'entrainement et la préparation, je reste fidèle à moi-même: pas de plan, tout au feeling, beaucoup de sorties longues en montagne, beaucoup de sorties typées fartlek et plusieurs trails longs de 50 km en mode "sortie longue de préparation".
Les jours, semaines, mois passent relativement vite et nous voilà fin août 2015, à 1 semaine du départ....
Arrivée sur Chamonix le dimanche 23 août, les jours avant le départ de la course me permettent d'effectuer les derniers tests de matériel, de profiter de ma famille (mes parents, ma grand-mère et Alexia sont venus pour m'encourager) et de me reposer.
La preuve en photos
mercredi 26 août: retrait des dossards. Ouhaouuu, ce fut compliqué... 1h30 de file d'attente, et 30 min à passer de stand en stand. Quelle organisation avec:
1) la vérification de l'identité et la récupération d'un document mentionnant tout le matériel obligatoire
2) La vérification d'une partie du matériel obligatoire
3) La signature du document où l'on s'engage à avoir l'ensemble du matériel obligatoire pendant toute la durée de la course
4) La remise du dossard
5) La fxation sur le sac d'une puce de chronométrage et au poignet d'un ruban CCC
6) Et enfin, la récupération des cadeaux d'accueil
28 août 2015: le départ est prévu à 09h sur Courmayeur.
Arrivée vers 07h30, tout va bien.
Détendue, le sourire est encore présent.
Un mélange de stress et d'impatience apparait au fil des minutes pour ne plus me quitter jusqu'au départ !!
Et voilà, c'est parti pour 101 km & 6100 D+
Sur cet ultra trail, j'ai connu tous les ressentis possibles de la période d'euphorie au gros passage à vide en passant par des moments de calme, de bien-être, de tranquilité, de zénitude....
Côté hydratation: tous les 15 minutes, 2 gorgées d'eau citronnée.
Côté ravitaillement: toutes les 45 minutes, 1 pâte de fruit ou 1 gel anti-oxydant +/- fruits secs selon la glycémie (diabète oblige). Sur les zones de ravitaillement, du sucré avec des barres de céréales et du salé avec pain, fromage, saucisson et TUC.
Je trouve que le départ n'est pas très rapide et dès la 1ère 'petite' côte, tous les trailers autour de moi passent en mode marche. Je me retrouve la seule à courir et à remonter les coureurs les uns après les autres. Quelques commentaires entendus de suite : 'elle n'ira pas au bout', 'aucune connaissance de l'ultra', 'c'est son 1er ultra', 'elle va se griller et abandonner rapidement'....
Et puis, rapidement, le sentier se rétrécit et nous abordons la 1ère difficulté avec l'ascension de la Tête de la Tronche. Je n'ai pas du tout apprécié cette première partie. Pourquoi? Certes, le paysage est tout simplement magnifique, grandiose mais j'ai eu bien trop le temps de l'admirer. Un énorme embouteillage s'est formé. Nous allons monter les 10 kms en file indienne, les uns derrière les autres, au ralenti. Je ne suis pas dans mon rythme, c'est fatiguant.
Enfin, l'arrivée au sommet. Déjà beaucoup s'arrêtent pour reprendre leur souffle et se reposer. Les prochains kms sont en descente jusqu'au refuge Bertone (km 15 et 1er ravitaillement).
Il fait déjà chaud, très chaud. Au refuge, remplissage des bidons d'eau, quelques morceaux de barres de céréales avalés et zou,c'est reparti pour le refuge Bonatti (Km 22) où doivent m'attendre mes parents et Alexia. Ma grand-mère ne pourra pas monter jusqu'au refuge, l'accès est un peu trop dur, avec un D+ non négligeable.
Les paysages sont toujours sublimes (les photos ne sont pas de moi, merci Alexia!)
Arrivée au refuge Bonatti, je remplis à nouveau mes bidons et mange des barres de céréales.
Départ du refuge Bonatti, tout va bien, passage à Arnuva (Km 27). Je profite du ravitaillement pour me préparer un petit mélange de fromage et saucisson.
Une pause rapide, enfin presque pas de pause, alors que la plupart des coureurs s'assoient, se reposent et prennent vraiment le temps de se ravitailler longuement.
Je repars pour la 2nde difficulté avec l'ascension du Grand Col Ferret.
Et là, gros coup de moins bien, le seul de la course. Vertiges, tête qui tourne, envie de vomir, mal à l'estomac, difficulté à boire. Je m'assois quelques minutes, mais en me relevant les symptômes réapparaissent. Depuis le départ, je suis l'évolution de mes glycémies (diabète oblige) toutes les 30 min. Aucun problème à ce niveau.
Pas d'autre choix que de m'assoir à nouveau, respirer tranquillement, me calmer et attendre de retrouver des forces. Sur un ultra trail, on n'abandonne jamais sur un coup de tête. Les périodes de moins bien, il faut les accepter et les laisser passer. Je suis très en avance sur les BH. Donc, je ne panique pas et attends quelques minutes.
Finalement, les symptômes vont disparaitre, comme ils sont arrivés, sans véritable explication. Je reprends l'ascension et arrive au Grand Col Ferret.
Et c'est parti pour 10 km de descente, avec passage à La Peule, La Fouly (où il y a un ravitaillement mais où je ne m'arrête pas), Praz de Fort, et une petite remontée sur Champex.
Champex, Km 56, 1ère zone d'assistance autorisée. Je retrouve mes parents, ma grand-mère et Alexia.
Sur ce ravitaillement, je me pose, change de chaussettes et me ravitaille correctement. Sandwich fromage, saucisson et TUCs. Je suis extrêmement surprise par certains coureurs qui prennent un vrai repas... Manger chaud, oui, j'ai lu à plusieurs reprises que c'était extrêmement important sur un ultra, surtout avec l'arrivée de la nuit et la baisse de la température. Mais non, pas pour moi, cela ne me tente absolument pas.
Côté diabète, tout est parfait. Je profite de cet arrêt pour sortir la lampe frontale. Le jour ne va pas tarder à se coucher.
Montée à la Giète et descente sur Trient, cette partie est passée très vite et très bien.
J'appréhendais beaucoup la nuit, la gestion de l'effort, les réactions de l'organisme, l'évolution de mes glycémies mais finalement tout s'est parfaitement passé. J'avoue que j'ai même largement apprécié cette partie nocturne. Jamais je ne me suis retrouvée seule sur le parcours. L'ambiance a changé avec beaucoup de discussions entre trailers. Aucune fatigue, alors qu'à la maison, à 22h, je dors comme une marmotte... Et cette ligne continue de lampes frontales qui éclairent la montagne, c'est tout simplement magique.
Sur Trient, je retrouve à nouveau mes parents & Alexia. Ma grand-mère est rentrée à l'hôtel pour se reposer un peu. Je me pose une nouvelle fois au ravitaillement et prends mon temps.
Euh non, maman, je confirme, ce n'est pas un avion que tu as vu voler dans le ciel mais bien la succession de lampes frontales sur les sentiers de montagne.
Et me voilà repartie pour la montée à Catogne. Et bien, que dire?? Rien, je n'ai absolument aucun souvenir de cette partie du parcours. La faute à qui?? A une certaine Carole B. et l'envoi d'un MMS avec la photo d'un énorme dessert et le message: 'Babou dit que si tu vois cette photo, tu avanceras plus vite'. C'est malin, maintenant, je vais devoir y retourner pour voir à quoi ressemble ce lieu. Mia m'avait indiquée que cette partie était difficile avec des zones de rochers... Je ne pourrai pas confirmer...
En tout cas, merci, ce fut encore un bon moment de rigolade.
Une fois à Catogne, descente sur Vallorcine (Km 83) que je rejoindrai vers 2h, la BH étant fixée à 07h le 29/08/2015. Et là, quelle surprise, quel bonheur, en plus de mes parents et Alexia, Dorothée et Eric sont venus pour m'encourager. Un immense merci à vous 2.
Sur cet ultra, la présence de supporters (physiquement et par SMS) m'a énormément aidée. Alors, encore une fois, merci à vous tous.
Sur ce ravitaillement, j'ai une faim de loup, j'avale des sandwichs fromage, saucisson, des barres de céréales, des fruits secs, des TUC... Eric et Dorothée n'en reviennent pas et se demandent même comment je vais pouvoir continuer à courir. J'ai la chance de n'avoir aucun problème pour m'alimenter et de digérer tout sans aucune difficulté.
Une secouriste, m'ayant vue faire une glycémie, s'approche de moi et me demande si tout va bien. Elle est extrêmement surprise de voir une personne diabétique sous insuline courir un ultra trail.... Encore beaucoup de travail pour faire comprendre qu'à diabétique, rien d'impossible!!
Et me voilà devant la dernière difficulté, l'ascension de la Tête aux Vents.
De Vallorcine, j'arrive rapidement au Col des Montets et là, en levant la tête, je vois une ligne de lampes frontales qui paraissent être dans le ciel, au milieu de nulle part. Euh, c'est vraiment là haut qu'il faut monter??? Je me dis que je n'y arriverai jamais. Cela me parait irréalisable de grimper une telle pente. Je suis accompagnée d'un coureur qui m'explique que je suis repartie trop vite de Vallorcine, que la montée de la Tête aux Vents est longue, difficile, raide. Il me conseille de ralentir sérieusement, de prendre mon temps.
Heureusement, en pleine nuit, pendant cette partie difficile, je communique avec Mia par SMS. Alors, encore une fois, un immense merci. Cela m'a fait énormément de bien et permis de continuer à avancer, un pas après l'autre, un pied devant l'autre.
Je souhaite profiter au maximum du calme de la nuit, de la pleine lune et des étoiles, c'est juste magnifique, un moment magique. Un petit arrêt de quelques minutes pour cause d'hypoglycémie, j'avale des fruits secs et une pâte de fruits et je reprends l'ascension.
On m'avait dit que le lever du soleil à la Tête aux Vents était un moment magique. C'est loupé, j'ai été trop rapide, il fait encore nuit noire!!
De la Tête aux Vents, direction la Flégère. Je connais parfaitement le sentier pour l'avoir parcouru pendant de nombreuses années, lors de vacances sur Chamonix. Oui, cela descend mais il y a beaucoup de cailloux, rochers. Il n'est pas évident d'accélérer. Et puis, l'essentiel maintenant est de terminer la CCC. Arriver au bout, franchir la ligne, ne pas me blesser.
La Flégère, dernier ravitaillement et nouvelle hypo. Après 20h d'effort, cela peut s'expliquer... J'appelle mes parents et Alexia pour leur annoncer
Et l'arrivée... Sur le dernier km, les bénévoles nous disent de savourer ces derniers moments. Je profite encore et toujours de chaque foulée....
Au final:
Chrono: 20h58min
Scratch: 450 / 1470 (Finishers)
Fem: 39 / 192 (Finishers)
Sénior Fem: 28 / 83 (Finishers)
659 abandons
Et les photos officielles prises sur le parcours
Dimanche: pour bien terminer cette aventure, pique nique avec Alexia, Dorothée, Eric (encore bravo pour la TDS!!) et les enfants.
Pour résumer cette course, je dirais tout simplement qu'aujourd'hui, encore, j'ai des frissons en écrivant ce CR....